• Pourquoi les chaînes d'information m'énervent

     

    Pas de nail art aujourd'hui, mais un sujet qui me tient particulièrement à coeur.

     

    Je fais partie de celles qui s’intéressent à l’actualité. Du coup, pour me tenir au courant des nouvelles du monde entier, je regarde les informations à la télévision le matin (6h30, dur dur…), le midi, et le soir. Je regarde principalement une chaîne d’information (son nom commence par un B et se termine par un V…), et c’est de celle-ci dont je vais parler aujourd’hui. Je ne regarde presque jamais les chaînes concurrentes, même si ces derniers temps, ce sont vers elles que je me tourne.

     

    Avant, j’aimais regarder les chaînes d’information…

    Dès le collège, je voulais être journaliste. J’ai toujours été passionnée par l’actualité, ce qu’il se passe dans le monde, la politique et être au courant de (presque) tout. Ce que j’aimais à travers ce métier, c’était le fait de se lever le matin, de partir au boulot sans savoir le programme du jour et de voir sa journée être rythmée par l’information. Absence de routine garantie ! Alors dès l’âge de 13 ans, j’ai commencé à regarder une chaîne d’information. En quelques minutes, on savait ce qu’il se passait aux Etats-Unis, en Allemagne, au Brésil ou encore en Bosnie-Herzégovine (j’ai toujours trouvé ce nom de pays marrant !). Et surtout, en me tenant au courant de l’actualité, j’avais l’impression d’y participer à ma manière.

    Je me souviens encore du sentiment que j’ai eu en février 2011. Je rentrais du collège et comme d’habitude, je regardais la télévision pour savoir ce qu’il s’était passé dans le monde. Cela faisait plusieurs mois que le peuple égyptien se révoltait afin d’obtenir la démission d’Hosni Moubarak. J’étais donc devant la télé et c’est alors qu’une alerte info est apparue en bas de l’écran et où a été annoncé que le président Moubarak avait fui la capitale, ce qui engendrait sa démission. Aussitôt, le présentateur a relayé l’information, et hop, édition spéciale avec des spécialistes de l’Egypte pour commenter la victoire des contestataires. A cet instant, j’ai vraiment eu l’impression de vivre en direct, comme si j’y étais, la révolution en Egypte.

    J’ai également eu cette sensation le 11 mars 2011. Et cette fois-ci, ce fut une vraie et triste surprise. A mon lever, j’ai donc comme d’habitude allumé la télévision. C’est alors que je suis tombée sur des images de chaos. Pour ceux qui se souviennent, le 11 mars 2011 a eu lieu un fort séisme qui a engendré un tsunami sans précédent au Japon, amenant par la suite une catastrophe nucléaire. J’ai alors vu à l’écran, en direct, une vague marron faisant plusieurs kilomètres de long, ramassant tout sur son passage, et continuant d’avancer à une vitesse folle. Rien ne semblait l’arrêter. Elle emmenait les routes, les maisons, la vie de plusieurs centaines de personnes. Ces images, retransmises en direct, me faisaient froid dans le dos. Nous étions à des dizaines de milliers de kilomètres de cette catastrophe, mais le fait de voir en temps réel une région entière disparaître sous une vague était affreux.

    Ce sont lors de grands événements comme ceux-ci que j’aime regarder les chaînes d’information. Cela peut paraître comme du voyeurisme, mais ça me donne l’impression de participer à ma manière aux événements relayés.

    Je regrette d’ailleurs d’avoir été trop jeune pour ne pas me souvenir des attentats du 11 septembre. Si elles existaient, les chaînes d’information auraient été les premières à transmettre les images des catastrophes. Au fond, l’information nous donne le pouvoir de savoir ce qu’il se passe partout dans le monde et rapidement.

    Je voulais être journaliste pour faire partie de celles et ceux qui participent à la diffusion d’informations, bonnes comme mauvaises.

     

    …Mais ça, c’était avant.

    Les événements que j’ai racontés datent maintenant de plusieurs années, et depuis quelques temps, les chaînes d’information m’énervent. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas l’impression d’avoir de VRAIES informations, mais plutôt des potins. Et j’ai plein d’exemples en tête.

    Le premier, la naissance du fils de Kate Middleton et du Prince William. Je tiens à préciser que je n’ai rien contre le fait que l’on nous tienne au courant de cette nouvelle qui est importante pour beaucoup de personnes, mais de là à en faire un sujet de Une tous les jours, ce n’est pas un peu trop ? Souvenez-vous en juillet dernier, des dizaines de journalistes du monde entier sont restés pendant 3 semaines, voire 1 mois pour certains, devant la maternité à attendre que cet enfant pointe enfin le bout de son nez. Ce fut la guerre entre les journalistes, celui qui sera le mieux placé, celui qui aura l’escabeau le plus haut pour prendre la meilleure photo, celui qui fera le meilleur pronostic. Tout ça pour quoi ? Voir pendant 5 minutes les heureux parents et avec leur fils.

    Ces chaînes d’information ont également le don de créer des affaires à partir de pas grand-chose. Quand je dis pas grand-chose, je veux dire que ce n’est pas une nouvelle qui va changer la vie de plusieurs millions de personnes. Affaire Zahia, DSK, Dieudonné, Bettencourt, Tapie, Cahuzac, et j’en passe !

    Pensez-vous que la femme de ménage de 35 ans habitant Luzy dans la Nièvre va voir sa vie changée de savoir si oui ou non Ribéry a couché avec Zahia en sachant qu’elle était mineure ? Bon admettons pour son mari, s’il est fan de foot…

    Une « affaire » est l’information principale des chaînes d’information (et aussi des JT) pendant environ une semaine, puis elle disparaît avant d’être remplacée par une autre.

    L’été dernier, nous avions entendu parler d’une mère et sa fille disparues à Perpignan, l’affaire Benitez. Plus personne n’en parle aujourd’hui. L’affaire de la petite Fiona, soit disant disparue à Clermont-Ferrand avant que sa mère n’avoue qu’elle a été tuée. Plus de nouvelles. Les personnes enlevées au Mali, on en entend parler pendant quelques jours, le temps que tout le monde soit scandalisé, puis on les oublie.

    Pendant ce temps, on passe à côté de vraies informations. La situation dans certains pays d’Afrique ? Les conflits en RDC ? En Ethiopie ? Des personnes disparues ? Estelle Mouzin, disparue à 9 ans en 2003 et dont on montre la photo une fois par an ?

    On a souvent tendance à oublier un sujet qui n’est pas médiatisé, ou bien l’on pense que le problème est réglé.

    Est-ce que les sujets traités par ces chaînes d’information sont réellement intéressants ? Ou les regardons-nous comme on regarderait une série où on attend tous les jours le nouvel épisode ?

    Dernière affaire en date, l’affaire Hollande-Gayet. Le président a eu le malheur de se faire prendre en photo par un paparazzi de Closer et le voici affiché à la Une du magazine, et à la Une des chaînes d’information. Au départ, ce n’était pas sûr, c’était une rumeur. Mais les chaînes d’information l’ont rapidement transformé en information véridique. Et c’est parti pour une journée entière d’édition spéciale et d’alerte info qu’ils aiment tant, histoire d’afficher aux 4 coins du monde les infidélités de notre président. Pourtant, selon un sondage, 77% des Français considèrent qu’il s’agit d’une affaire privée. Et les affaires privées se règlent… En privé ! (C’est bien, vous suivez).

    Les journalistes se sont jetés sur cette information comme un rapace sur sa proie. Ils ont fait venir tous les spécialistes, même un sexologue, mais quel est l’intérêt ? Lors de la conférence de presse de François Hollande sur un bilan de sa politique, la première question a été sur son infidélité. Est-ce la priorité des français ? Ne serait-ce pas plutôt leur emploi ? Leur pouvoir d’achat ? Et Julie Gayet, cette actrice qui ne pourra sûrement plus jamais faire un film sans qu’on lui colle cette étiquette de « maîtresse du président ». Si les journalistes avaient été discrets, elle aurait pu à peu près continuer son métier dans de bonnes conditions.

    Alors maintenant, c’est ça le journalisme ? Passer d’affaire en affaire ? Oublier les sujets principaux, les sujets qui nous intéressent vraiment et qui nous concernent ? Déformer les paroles ? Avoir un boulot qui se rapproche de celui de paparazzi ? Qu’en est-il des vrais débats, des analyses ? Je pense ici en particulier à une jeune « journaliste » qui était envoyée spéciale l’an dernier et qui maintenant a sa chronique politique tous les jours, mais qui visiblement ne s’y connaît pas en politique puisque qu’elle se permet de critiquer toutes les personnalités politiques sans gêne. Sûrement la fierté d’avoir gravi les échelons....

     

    Je ne cherche pas à faire une généralité, je ne regarde qu’une seule chaîne d’information (« La 1ère chaîne d’info de France ! »), mais ça me déçoit de voir ainsi évoluer le journalisme en France. Si je dois être journaliste pour finir comme ça, non merci.

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 4 Mars 2014 à 23:32

    Très heureuse de voir des idées sur un blog de NA =) J'anticipe les arguments des adversaires : non je ne dis pas que les blogs de NA sont cons, je dis juste que c'est intéressant de trouver qqch qui peut susciter une discussion ou un débat.

     

    Ton article me fait me ressouvenir de l'affaire Merah. Je me souviens avoir un peu regardé la chaîne dont tu parles au moment où il était retranché chez lui. Le problème est que j'ai suivi l'affaire pendant les quelques jours du retranchement...un peu comme une série ou un roman. Et cela m'a semblé un peu malsain. J'admire les hommes du GIGN ou du GIPN qui règlent des cas très graves, qui, à mon avis, doivent utiliser le langage et la loi à bon escient, d'autant plus que leurs décisions, verbales ou physiques, sont lourdes de conséquences, d'où peut-être cet intérêt pour cet épisode. Je me souviens qu'on voyait la rue où Merah était retranché, on entendait même les coups de feu ! C'était une autre dimension, à la fois réelle et irréelle.

    Autre chose, moins lourde, envoyer des journalistes en K-Way dire devant une caméra : "Oh la la y a du vent et il pleut dis donc oula la ça mouille ici" me paraît stupide. Il suffit juste de demander au cameraman de filmer les intempéries. Il me semble que ce n'est plus l'info en elle même qui compte sur les chaînes mais son impact. Aujourd'hui, en plus de l'AFP, il y a l'info qui est relayée hyper rapidement. Il faut qqch en plus. Le journaliste en galère accentue et nous montre réellement la situation difficile, mais toujours est-il qu'ils ont l'air un peu cons du coup (enfin, leurs patrons)

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    2
    Mardi 4 Mars 2014 à 23:44

    En effet c'est pas parce que j'ai un blog nail art que je dois seulement parler d'ongles, parfois ça fait du bien de dire ce que l'on pense...

    Voilà une "affaire" (rien que ce mot est malsain) que j'ai oublié de mentionner. Je me souviens bien des jours où M.Merah état retranché dans son appartement... 3 jours d'édition spéciale... Je dis dans mon article que l'on suit chaque affaire comme une série et tu l'illustres bien avec cette affaire. Malheureusement c'est du voyeurisme et on fait ça à notre insu, pensant avoir des informations (qui n'en sont pas)

    Ah oui les intempéries ! C'est vrai qu'envoyer un pauvre journaliste sous la flotte (avec toute l'équipe) juste pour dire qu'il pleut et que la pluie ça mouille c'est pas vraiment du journalisme... J'ai hâte de voir ce que sera le journalisme dans 5 ou 10 ans.

    3
    Samedi 8 Mars 2014 à 01:35

    Le travail d'enquête sera encore plus valorisé !

    Je ne sais pas si tu es au courant mais BFM a un peu peur car LCI va peut-être devenir gratuit. D'ailleurs le 20 Minutes de jeudi titrait quelque chose du style "LCI fait flipper BFM". Super, si c'est pour voir dans les journaux mon langage et ceux des gamins que je vois au lycée...Aucun effort pour élever le niveau...

    4
    Samedi 8 Mars 2014 à 08:56

    Ils ont du faire ça pour être dans le mouvement, espérer toucher plus de personnes... C'est vrai que je ne regarde pas LCI, mais si elle devient gratuite, pourquoi pas

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